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Commentaires par Bernadette Bonnier, présidente du Fonds Félicien Rops avec lecture de lettres par Suzanne Giovannini et Guy Goffette.
Capsules réalisées par Sara Pennetier.

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Rops, concepteur de menus
Au 19e siècle, le dîner devient pour la bourgeoisie et les élites artistiques un véritable enjeu social : lieu d'échanges et de reconnaissance dans un réseau politique, culturel ou mondain. C'est dans ce contexte que Félicien Rops, amateur de bonne chère, est régulièrement sollicité pour concevoir des menus. Depuis les années 1840-1850, ces menus s'imposent comme de véritables objets de table : à la fois programme du repas et souvenir artistique.
On a recensé 17 menus créés par Rops. Chacun révèle son humour, sa culture et son exigence graphique. Pour un banquet politique organisé par le député Paul Ménard-Dorian, il illustre une marmite « urne électorale » portée par des putti cuisiniers, chaque ingrédient étant associé à une référence littéraire ou philosophique détournée. À son ami Théodore Hannon, il raconte le soin apporté à cette commande : observation d'animaux ou d'une dinde achetée pour modèle, preuve qu'il considère ce genre comme une œuvre d'art à part entière. Rops écrit ainsi : « Il n'y a pas de petites choses en art, un menu peut être un chef-d'œuvre s'il est fait par un virtuose. »
Ces créations reflètent aussi son réseau. Il compose des menus pour Camille Blanc, fondateur du casino de Monaco et passionné de courses hippiques, ou pour son ami le docteur Filleau, où il mêle vocabulaire médical et gastronomie avec esprit. Rops s'inscrit également dans la tradition des dîners d'artistes, rendez-vous mêlant écrivains, peintres et éditeurs. On lui doit par exemple Le Grand Marmiton, créé lors d'un repas en l'honneur de Baudelaire, ou le Menu du dîner de la Chronique (1869), réunissant des auteurs belges.
Dès la fin du XIXe siècle, ses menus sont recherchés par les collectionneurs, au point que Rops les mentionne parmi ses « pièces rares ». Edmond de Goncourt loue en 1889 ces petites eaux-fortes, « magistralement dessinées » et dotées d'une finesse de tons que l'on retrouve dans ses œuvres plus ambitieuses.
Ainsi, par ses menus, Rops illustre comment un simple objet du quotidien peut devenir support artistique, témoin des sociabilités et de l'esprit d'une époque..
Jean Rops, soldat au grand coeur
En construction.
