
Les résidences
Une année particulièrement riche pour les résidences d'artistes : plus de 60 candidatures ont été soumises au jury !
Ce bel engouement témoigne de l'attrait croissant du château de Thozée en tant que lieu de création. Le choix des deux résidences disponibles n'a pas été facile tant la qualité des dossiers était élevée. Petite nouveauté cette année: les candidat·e·s pouvaient opter pour une résidence de 2 ou 3 semaines, en solo ou en duo.
Voici les lauréat.e.s 2025 :

Julie Calbert
Le travail de Julie oscille entre photographie, art visuel et expérimentation. Elle a choisi une résidence en solidaire et sera au château du 19 mai au 1er juin 2025. Elle nous décrit son projet pour Thozée :
« Mon travail photographique s'articule autour de la mémoire, du paysage et de la nature, en tant que traces vivantes et espaces de résonance. Je m'intéresse aux éléments naturels comme marqueurs de temporalité : arbres anciens, pierres façonnées par le temps, eau en perpétuel mouvement. Cette attention aux détails m'amène à questionner la manière dont ces éléments interagissent avec la mémoire collective et personnelle, tout en réfléchissant à l'impact du regard sur ces paysages. Le parc et l'étang du domaine offrent dès lors un cadre idéal à cette recherche. En y travaillant in situ avec des procédés photographiques alternatifs (tirages par contact, cyanotypes, antotypes réalisés à partir de végétaux du domaine, ...) et des expérimentations intégrant des éléments naturels – l'idée étant de questionner comment le paysage s'imprime sur la matière sensible – j'ambitionne de capter les traces et les empreintes du lieu, révélant ainsi un paysage en constante transformation (...) ».
Elise De Maio et Andy Simon
Elise (artiste-relieuse) et Andy (photographe) ont choisi de présenter une résidence conjointe, durant 3 semaines en août.. Voici leur projet : « Notre proposition de résidence s'articule autour de la création d'un livre-objet prenant pour point de départ l'univers de Félicien Rops, son approche de la nature et le cadre du château de Thozée ». Ils travaillent tous deux au Musée royal de Mariemont, où ils ont pu découvrir un fonds patrimonial consacré à Félicien Rops. Grâce à l'accès à ce fonds, ils ont, nous disent-ils : « une matière première riche qui nous permettra d'explorer des résonances entre notre démarche et l'oeuvre de Rops, en particulier dans sa manière d'évoquer l'illusion, le fugace et la porosité entre les registres du visible et de l'invisible. Andy Simon poursuit depuis plusieurs années une réflexion sur la mémoire, les traces et les phénomènes de hantise (...). Son regard sur la nature environnante du château de Thozée s'inscrira dans cette continuité en captant ce qui s'efface, ce qui persiste, ce qui marque le territoire de manière imperceptible. Ces images, jouant sur l'apparition et la suggestion, dialogueront avec les préoccupations d'Elise De Maio, dont le travail interroge la matérialité du livre à travers sa structure et les éléments tangibles et intangibles constitutifs de celui-ci, sa capacité narrative à travers sa forme même. (...) »
Cette résidence sera pour eux, un moment de recherche, d'expérimentation, avec le château comme espace de travail et source d'inspiration directe. « Nous souhaitons, poursuivent-ils, nous laisser traverser par l'atmosphère du lieu, en nous imprégnant de son histoire sans chercher à la figer, mais plutôt en lui donnant une forme qui conserve son caractère fluctuant. (...) »

ARCHIVES INSPIRANTES
Résidence de Jehanne Paternostre
MAI-JUIN 2024
Jehanne Paternostre a assuré sa résidence du jeudi 30 mai au mercredi 12 juin.
Voici le projet qu'elle souhaitait développer à Thozée :
« Travaillant la plupart du temps in situ, c'est par l'immersion et l'exploration d'un lieu, de son histoire et des traces qui en subsistent, que des ouvertures inattendues se créent dans mon travail, permettant à celui-ci d'avancer tout en continuant à se renouveler. Aborder un territoire inconnu est source de stimulation et d'éveil de la curiosité. La rencontre avec un lieu et ses habitants (humains et non-humains, passés et présents) me pousse à sortir de ma zone de confort, à remettre en question des idées préconçues. J'apprends à faire confiance à un lieu, à me laisser porter par ce qui se présentera.
Outre le fait que le château de Thozée m'attire pour son atmosphère sereine et bucolique, propice au retrait et à la recherche, je partage avec Rops un vif intérêt pour la botanique, en particulier les plantes sauvages. Or d'après les quelques sondages que j'ai effectués dans les archives en ligne, l'impression se dégage que Rops se soit également intéressé à ce type de plantes (dans son herbier, on trouve la cardamime, le tussilage, l'alchemille vulgaris...). Mon intérêt pour ces plantes ne demande qu'à s'accroître et à se développer, et j'aimerais me laisser guider par les plantes d'un lieu précis ainsi que le regard particulier et les choix de Rops pour élargir mes propres connaissances. Plus matériellement, c'est aussi marquer un temps d'arrêt pour expérimenter une nouvelle technique, les encres végétales, à laquelle j'aspire à m'essayer depuis un certain temps déjà. L'intérêt de Thozée est aussi de pouvoir accéder à des archives pouvant être directement mises en relation avec le terrain. Etant historienne de formation, la phase de consultation de documents constitue souvent un point de départ de mes recherches artistiques. Cette phase pourra être réalisée en amont de la résidence. Pour situer le projet de résidence de manière plus globale dans mes recherches actuelles, j'initie pour le moment un nouveau champ de recherche autour des relations de soin et d'attention réciproques, entre l'humain et le végétal, mais dans le contexte agricole. La résidence à Thozée est l'occasion d'opérer un déplacement et de décaler les recherches dans un contexte autre. Jehanne Paternostre, Mars 2024 »
À l'issue de sa résidence, Jehanne PATERNOSTRE a transmis le texte ci-dessous sur l'apport de cette résidence :
« Résider en tant qu'artiste au château de Thozée est une expérience que l'on n'est pas prêt d'oublier. Un moment suspendu, hors du temps. Le cadre exceptionnel, le calme, l'isolement, sont particulièrement propices au développement d'un travail artistique. La richesse du lieu tant au niveau historique que naturel (l'omniprésence du vivant et la diversité des espaces - le parc, l'étang, le bois, la prairie) sont également des sources d'inspiration importantes. Mon projet était tourné vers les plantes du lieu, que j'ai cherché à identifier puis récolter pour réaliser des pigments végétaux et ensuite travailler à partir de ceux-ci. Ce fut un séjour intense, extrêmement stimulant et porteur. J'ai pu prendre le temps de tester de nouvelles techniques, d'expérimenter, sans pression de résultat, mais aussi d'écrire, de consulter les archives Rops, de m'immerger dans le lieu avec tous les sens ».
Jehanne n'a pas souhaité une sortie de résidence immédiate, préférant approfondir son travail. Elle a d'ailleurs sollicité de revenir régulièrement pour des récoltes ou photographies, ce qui a été accepté par le Conseil d'Administration, qui reste en contact avec elle pour une présentation de son travail dans l'avenir.
Résidence de Silja Hubert
AOÛT 2024
Silja Hubert a assuré sa résidence du jeudi 8 août au mercredi 21 août 2024. Voici sa lettre de motivation : « À la lecture de l'appel à candidature, très vite, l'aspect d'une résidence solitaire, dans un lieu imprégné d'histoire m'a semblé être une belle manière d'entamer et de développer ma pratique artistique après le cadre scolaire. Ayant obtenu mon diplôme en master de dessin à La Cambre en juin 2022, j'ai ensuite intégré l'option gravure à l'académie royale des beaux-arts afin de pousser plus loin mes réflexions plastiques et de répondre à des besoins techniques du développement de mon travail. J'arrive aujourd'hui au bout de cette formation et cette résidence serait une manière pour moi de m'offrir un espace-temps différent de ceux connus auparavant. Un espace où seul mon esprit et l'esprit du lieu se rencontrent. Un espace de lâché prise. Un espace m'offrant la possibilité de développer un projet en écho avec ce dernier, un projet relatant une rencontre, un temps de solitude proche de l'ennui, mais qui serait aussi la porte qui s'ouvre vers la pratique professionnelle. (…) De plus, le domaine Félicien Rops est un lieu qui m'intrigue de par son histoire. Ayant durant mes années en restaurations d'œuvres d'art restauré deux gravures du Fonds Félicien Rops, effectuer cette résidence serait une nouvelle manière pour moi de venir à la rencontre physique de cet artiste belge dont le patrimoine artistique est si riche ».
Dans cette lettre, elle précise également le projet envisagé durant la résidence : « La formule de la résidence proposée m'évoque deux projets entrant en dialogue. Le premier prend une forme intime, un travail intérieur et méditatif. Je souhaite réaliser une pièce murale, telle une tapisserie, un objet reflétant le temps passé dans ce château. Cette pièce sera confectionnée de laines diverses et assemblées par la technique du crochet. Le crochet étant pour moi, aujourd'hui, une pratique me permettant de me vider la tête, de plonger dans une méditation intérieure, d'écouter les bruits environnants tout en occupant mes mains d'un geste répétitif. Le crochet me permet aussi, de manière nostalgique, de connecter avec mes origines islandaises. Lorsque je crochète, je me sens plus proche de mon chez-moi. C'est pour cette raison que cette pièce sera uniquement réalisée à partir de laine d'Islande. Cette laine si particulière, épaisse, drue et dont l'odeur si forte rappelle les paysages de ce pays. Le château est un lieu qui m'évoque aussi la tapisserie murale recouvrant les murs dans un but décoratif et d'isolation. Celle-ci sera commencée le jour un et terminée durant le dernier jour de résidence. Mon intention sera de créer un objet imprégné du temps qui passe, de la solitude et de la mémoire d'un lieu. Mon travail plastique comprend des recherches sonores. Tantôt performatives, tantôt des enregistrements ou encore des sons accompagnant mes travaux d'arts visuels. La seconde approche que je souhaite développer durant le temps de cette résidence est une rencontre sonore avec le château. Que me raconte le lieu ? Que me racontent les sons du « silence » d'une ancienne habitation aujourd'hui non-occupée ? Dans la solitude de ce lieu, je souhaite ponctuer mon travail de crochet, de moment de promenades et plonger au sein des espaces, tant intérieurs qu'extérieurs. D'y enregistrer leurs sons, afin de dresser un portrait fantôme et un inventaire sonore du domaine. L'ensemble des sons seront ensuite assemblés pour devenir une pièce sonore qui accompagne la pièce murale. »
Une sortie de résidence publique a été organisée à l'issue de la résidence, l'artiste souhaitant avoir des retours sur ses créations.
À l'issue de sa résidence, Silja HUBERT a transmis le texte ci-dessous sur l'apport de cette résidence :
« Je pose mes valises au château de Thozée le vendredi 9 août 2024, un jour de grand soleil. L'été belge me sourit et m'accueille dans cet endroit magique et hors du temps. Très vite, je m'y sens bien. L'endroit est calme et apaisant, il regorge de recoins chargés d'Histoire. Je me sens encore si étrangère à ce lieu dans lequel je m'apprête à plonger pour y passer deux semaines de travail. Deux semaines face à moi-même, face à ma pratique, face à mes gestes de création. C'est ainsi, dans un sentiment de quiétude et d'excitation, que commence ma résidence solitaire au château de Thozée. Mes journées se rythment et s'accordent avec le silence environnant. Je me réveille et je sors prendre mon café. Je commence par écrire dans mon carnet tout en posant mon appareil enregistreur devant moi. Je l'allume et j'enregistre les sons matinaux. Je tente de capter chaque bruissement de feuille, chaque souffle de vent, chaque chant d'oiseau, ou encore, le son de mon crayon écrivant sur le papier. Cela devient très vite un rituel méditatif. Au fil des jours, ces moments me semblent primordiaux pour pouvoir me réveiller en douceur dans cet espace que je découvre continuellement. Au-delà de ces enregistrements matinaux, je me promène beaucoup dans le château et ses alentours. Je suis à la recherche de sons particuliers. Je veux dresser un portrait sonore poétique de ces lieux. D'abord un peu perdue, les jours passant, je prends plaisir à découvrir chacune des pièces accessibles et, doucement, toutes me semblent familières. Les sons enregistrés prennent alors une autre direction et la construction de la pièce sonore finale prend forme dans mon esprit. Une forme sensible et poétique. En contrepoint au travail sonore, je réalise une tapisserie entièrement crochetée en laine. Je suis arrivée munie d'une série de pelotes islandaises, une laine que j'affectionne particulièrement pour sa finesse, sa solidité et son aspect plutôt rêche. Chaque jour, je crochète entre 10 et 20 rangées de 170 mailles. Un point unique, un geste répété, un motif aléatoire mais guidé par les couleurs et la lumière de mon environnement. Cette tapisserie représente mon temps passé au château : je la commence le premier jour et la terminerait le dernier jour de ma résidence. Je prends soin de photographier l'avancement de la tapisserie. Je la place toujours au même endroit, sur les marches de pierre bleue à l'entrée du château et je photographie le travail en cours. Au terme de ma résidence, je décide de la suspendre dans l'entrebâillement de la porte-fenêtre du jardin. Ainsi, la pièce est visible des deux côtés et permet une circulation complète autour de celle-ci. Cela offre des variations de couleurs selon le côté exposé. La lumière passant à travers les mailles, la tapisserie, visible depuis l'intérieur du château, ne révèle pas des couleurs aussi tranchantes et vives que la face visible côté jardin. La pièce est donc suspendue et accompagnée d'un premier travail de mixage sonore. Cette résidence fut pour moi une première expérience dans un cadre professionnel. J'y ai découvert un nouvel aspect de mon métier d'artiste. Une résidence paisible et riche en travail, où j'ai pu réaliser une pièce reflétant la patience et la force d'un geste. Le geste répété n'est pas lassant, il devient un rythme, une mélodie, un rituel. Chaque jour semblant pareil, ils ne l'étaient pas vraiment. Je pouvais observer, matin et soir le cheminement de mes pensées et de mes créations. Ce temps de travail m'a été plus que précieux, et je remercie encore chaleureusement toute l'équipe du Fonds Félicien Rops qui m'a permis d'arpenter ses murs et de m'imprégner de ces lieux riches en Histoire. Merci à vous pour cette merveilleuse opportunité. À très bientôt, Silja »
Résidences précédentes
2024
Jehanne PATERNOSTRE
Silja HUBERT
2023
Mao WU, du 24 juillet au 5 août
Lauriane BELIN, du 11 au 24 septembre
2022
Sylvie PICHRIST, du 6 au 19 août
Rémy HANS, du 29 août au 11 septembre
2021
Michiko Van de VELDE, du 8 au 21 août
Philippe HERBET, du 21 septembre au 4 octobre
2020
Emelyne DUVAL, du 18 au 31 juillet
Sofhie MAVROUDIS, du 17 au 30 septembre
2019
Olivier PESTIAUX, du 13 au 19 juillet et du 10 au 17 août
Charles-Henry SOMMELETTE, du 20 juillet au 2 août
2018
Caroline LEMAIRE, du 6 au 19 août
Anne-Sophie COSTENOBLE, du 21 septembre au 4 octobre
2017
Elodie ANTOINE et Alain SIMON, du 1 au 15 août
Céline CUVELIER, du 12 au 27 septembre
Avec le soutien du Service des arts plastiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Dans le cadre de son programme d'ateliers-résidences, le Fonds Félicien Rops offre à des artistes plasticien.ne.s la possibilité de séjourner et de travailler seul.e ou en résidence conjointe, au château de Thozée pendant une durée maximale de 14 jours (qui peut être portée à 21 jours en fonction de l'occupation du lieu).
Les résidences sont réservées prioritairement aux artistes domicilié.e.s ou résidant en Wallonie ou dans la Région de Bruxelles-Capitale.

Vous êtes artiste? Vous souhaitez introduire votre candidature? Pour cela, téléchargez notre document ci-dessous.
Les candidatures doivent être envoyées par courriel à l'adresse fondsrops@gmail.com en mentionnant la référence « Candidature résidence Fonds Félicien Rops » dans l'objet du courriel. La date limite des dépôts de candidature est le vendredi 15 mars 2025.