
Julie Calbert
Résidence au Château de Thozée (mai–juin 2025)
Dès mon arrivée au Château de Thozée, j'ai pris le temps d'observer et d'écouter : le vert dense du parc, le souffle du vent dans les arbres, les reflets mouvants de l'étang ont structuré un rythme lent et propice à la découverte. Les zones humides — vase, mousses, sédiments, dépôts végétaux — ont rapidement été intégrées à mon travail, comme matières premières issues du lieu.
Parallèlement à un travail en photographie argentique que je poursuivrai en laboratoire, j'ai expérimenté des procédés réalisables situ. J'ai commencé par photographier des végétaux, des fleurs et des fragments glanés autour de l'étang, afin de produire des négatifs numériques. À partir de ceux-ci, j'ai réalisé des tirages par contact et des cyanotypes sur tissu, un support que j'intègre ici pour la première fois à ma pratique. Ces impressions ont révélé les formes et textures végétales dans un rendu à la fois tactile et sensible. En complément, j'ai mené une série de photogrammes, imprimant directement sur papier argentique des lentilles d'eau et d'autres dépôts organiques récoltés dans l'étang et les eaux stagnantes du domaine.
Être en immersion pendant quinze jours m'a permis de répéter les gestes, d'ajuster les protocoles et d'expérimenter au gré des conditions météorologiques et des trouvailles du lieu. Cette régularité a nourri une approche patiente, presque méditative, où chaque image devenait l'empreinte d'un instant, d'un contact direct entre la matière et la surface sensible.
Cette résidence s'inscrit dans ma recherche actuelle, qui explore les liens entre mémoire, paysage et matière. Les séries qui en émergent — cyanotypes sur tissu et photogrammes — sont autant d'empreintes immédiates et sincères du Château de Thozée : des images profondément liées au lieu et à sa matière, tout en ouvrant de nouvelles pistes pour la suite.